• Jeu psychologique, triangle de Karpmann

    Jeux psychologique, triangle de KarpmannLors des échanges que nous entretenons avec notre entourage qu’ils soient professionnels, familiaux, intimes ou inconnus, nous risquons sans nous en rendre compte de rentrer dans un « jeu de triangle » ou « jeu psychologique ». Ce jeu, ressemble à une pièce de théâtre où chacun va jouer un rôle. Le problème est qu’il s’agit rarement d’une comédie mais plutôt d’un scénario dramatique qui va conduire à une situation décourageante, frustrante et conflictuelle.

    Eric Berne, Psychiatre américain à qui nous devons l’analyse Transactionnelle, à découvert ces jeux psychologiques. Il définit le jeu comme « un ensemble de transactions doubles, périodiques, récurrents, plausibles en apparence, avec une motivation cachée ».

    Stéphan Karpmann a ensuite complété le travail d'Éric Berne et l’a simplifié en trois rôles complémentaires. La victime, le persécuteur, le sauveur. Symbolisés sous forme de triangle « le triangle dramatique de Karpmann ».

    Mise en scène

    Voici une scène que j’ai trouvée sur internet et qui résume tout à fait le jeu qui peut se mettre en place :

    La mère (Sauveteur) : "regarde cette nouvelle chemise que j'ai achetée pour toi, elle te plaît ?"

    Le fils (Persécuteur, en colère après sa mère) : " Tu sais bien que j'ai horreur du bleu ! «  

    La mère (Victime du fils) : «  de toute façon, j'ai toujours tort avec toi "   

    Le père (Sauveteur de la mère et persécuteur du fils) : " comment oses-tu parler ainsi à ta mère. Va dans ta chambre sans dîner ! "

    Le fils (Victime) : " Ils me disent d'être franc puis ils me punissent ! "

    La mère (Sauveteur du fils, lui amenant un plateau-repas en cachette du père) : " ne le dis pas à ton père. Tu ne devrais pas t'énerver ainsi pour une chemise." 

    La mère (Persécuteur du père) :  " Tu es trop sévère avec ton fils. Je parie qu'il te déteste maintenant."

    Le père (Victime de sa femme) :  " Je croyais t'aider et voilà que tu me grondes. "

    Nous voyons bien ici les rôles qui se jouent et s’échangent entre les protagonistes, la notion de culpabilité, de responsabilité circule entre les personnes jusqu’à ce que l’un d’entre eux mette un terme à ce jeu de triangle mais nous verrons cela plus loin !

    Comment reconnaitre ces rôles ?

    Notez tout d’abord qu’il ne s’agit pas de rôles conscients, nous manipulons par nos comportements sans même nous en apercevoir. Certaines personnes le font consciemment c’est le cas des pervers narcissiques par exemple pour les cas les plus extrêmes. Encore une fois nous jouons tous ces rôles en fonction des interactions, il ne s’agit donc pas de critiquer un comportement mais de l’analyser pour l’améliorer et sortir du triangle vicieux !

    La victime :

    Elle est innocente bien sûr, elle subit et ne peut faire autrement « Je n’ai pas le choix », elle est alors plaintive, malheureuse et passive et fait ce qu’il faut pour susciter de la pitié. Elle n’a jamais de chance et vous reproche même d’en avoir trop si vous vous donnez les moyens de réussir! Il ne lui arrive que des malheurs et ce sont ces malheurs qui font qu’elle ne mène pas la vie qu’elle voudrait mener. Elle n’en demeure pas moins maline et saura vous faire culpabiliser si vous ne vous occupez pas d’elle ou si vous n’allez pas dans son sens. Elle trouvera toujours quelque-chose qui puisse justifier ses échecs ou son inaction (la fatigue, le manque d’argent, le gouvernement, la météo…). Elle saura flatter et séduire les personnes susceptibles de bien vouloir l’aider…

    Parmi ses phrases préférées vous trouverez :

    -   Je n’ai vraiment jamais de chance

    -   C’est toujours de ma faute !

    -   Je suis incapable d’y arriver

    -   Ce n’est pas de ma faute !

    Le persécuteur  ou bourreau:

    Il est vicieux, c’est un harceleur qui ne se prive pas de donneur des leçons, un rabat-joie, il peut être méchant et manipulateur. Le persécuteur, aime critiquer et mettre le doigt où ça fait mal. Il a tendance à intimider, il veut faire peur et impressionner. Tout cela peut se faire dans les bruits, dans les cris ou au contraire de façon plus sournoise. Selon Christel Petitcollin, psychothérapeute spécialiste du sujet, le persécuteur est souvent une personne qui, depuis l’enfance, a accumulé beaucoup de frustrations et les fait payer aux autres. Il est souvent très à son aise comme manager dans les entreprises il est ce que l’on appelle parfois « le petit chef » !

    Parmi ses phrases préférées vous trouverez :

    -    Vous êtes vraiment des incapables

    -    On ne peut pas vous faire confiance

    -     Il serait temps que tu t’appliques

    -    Je suis entouré de tires au flanc

    Le sauveur :

    C’est le gentil de l’histoire, il est protecteur, attentionné et sera toujours là pour vous venir en aide même quand vous n’en avez pas besoin ! Toujours prêt à défendre les causes perdues il aura tendance à s’imposer et ainsi à vous infantiliser vous privant de faire par vous-même ce que vous avez à faire. Le sauveur a peur d’être abandonné il va alors vous infantiliser et vous rendre dépendant de lui pour ne pas être seul. Il aime rappeler qu’il est indispensable et que sans lui vous n’auriez pas pu faire grand-chose, vous êtes redevable à vie ! Pour citer à nouveau Christel PetitCollin : « avec lui, le remède peut être pire que le mal. Son aide inadéquate peut même générer des difficultés plus grandes encore que celles qu’il prétendait résoudre. Le sauveur doit d’abord prendre conscience que son besoin maladif d’aider les autres n’est rien d’autre qu’une nourriture à ego»

    Parmi ses phrases préférées :

    -    Comment tu vas faire sans moi ?

    -    À votre place…

    -   Je sais ce qu’il faut faire pour toi…

     

    Que la partie commence !

    Au quotidien nous sommes un peu dans tous ces rôles, certains ont leurs préférences et auront tendance à se positionner plutôt comme victime, Sauveur ou persécuteur mais alors comment débute un échange ? De quelle manière en quelque sorte se matérialisent les trois coups de bâton qui annoncent le début de la pièce ?

    Tout commence par la phrase qui déclenche le jeu, celui qui lance la phrase peut en lancer plusieurs en attendant que son interlocuteur réagisse. Il peut également s’agir de comportement non verbal comme lever les yeux au ciel, soupirer, ricaner, hausser les épaules, feindre le dégout, l’ignorance… Ou encore de comportements comme passer devant la télé alors que Monsieur est plongé dans son match de foot.

    Voici quelques exemples de phrases destinées à faire réagir, à lancer la partie !

    -   Tu n’aurais pas pris du poids ?

    -   Chéri il faut vraiment que tu sales moins tes plats !

    -   Tu es sure de vouloir porter cette robe ?

    La phrase a pour but de toucher le point faible de la personne ce point sensible qui fait réagir lorsque l’on en parle cela concerne le physique ou le comportement il s’agit bien souvent d’une faiblesse que l’on cherche à cacher car elle nous rend vulnérable.

    Une fois que vous avez mordu à l’hameçon, la partie commence ! Le premier joueur qui a lancé l’appât a choisi son rôle. Selon la réplique que vous allez apporter vous prendrez un rôle différent ou vous tenterez de détrôner le premier joueur de sa place. Par exemple :

    votre manager (persécuteur) passe derrière vous et vous dit :  "dis donc ton rapport il me le faut pour hier, alors s’il te plaît ne traine pas trop devant la machine à café on n'a pas que ça à faire ! " Vous pouvez jouer la victime : " ha ! oui désolé, je prenais 5 minutes pour décompresser, j’ai passé une sale nuit et j’ai du mal à m’en remettre en plus j’ai une migraine terrible " Ou comme persécuteur " s'il le fallait pour hier il est trop tard j’ai donc tout mon temps pour finir mon café et j’aimerais pouvoir faire ma pause sans être ridiculisé devant le reste de l’équipe. Un bon manager n’agit pas de cette manière !"

    Les rôles sont ainsi échangés tout au long de la partie, ces échanges sont faussés en réalité car les sujets de tension ne constituent jamais le vrai problème, tout est exagéré, les mots, les réactions, la gestuelle des émotions sont sur - jouées et ainsi le ton monte jusqu’à la réplique finale. Finalement personne n’aura vraiment dit ce qu’il avait sur le cœur ce qui permettra de relancer la partie à une autre occasion.

    Si par exemple le manager avait utilisé les techniques de communication non violente au lieu de lancer une partie de jeu psychologique,  il aurait pu dire : " Je n’ai pas récupéré ton rapport, cela m’inquiète car la réunion a lieu dans une heure. J’aurais besoin de le récupérer un quart d’heure avant penses-tu que cela soit possible ? " Ainsi il ne se place pas dans le rôle de persécuteur, ne permet pas à son interlocuteur de se placer en victime et encore moins en persécuteur (à moins que ce soit un joueur fou ).

    La fin du jeu

    Le jeu touche à sa fin lorsque l’un des protagonistes sort la réplique qui tue ! La dernière réplique a pour but de faire basculer les rôles, par exemple le persécuteur par une formule du type : « de toute façon je passe toujours pour le méchant, c’est un peu facile puisque je suis le seul à prendre la parole dans cette société » parviendra à récupérer le rôle de victime laissant celui de persécuteur à celui qui jusque-là était probablement la victime. Ainsi les rôles qui basculent en une seule phrase vont stupéfier les acteurs et les sentiments de colère, tristesse, culpabilité, honte, rancœur vont persister et laisser un goût amer. Finalement tout le monde est perdant et la partie reprendra de plus belle en d’autres occasions.

    Comment éviter de rentrer dans le jeu

    Tous ces comportements sont bien sur inconscients mais ils ne sont pas moins destructeurs pour autant il est donc plutôt conseillé d’éviter de se laisser entrainer dans une partie de jeu psychologique. Pour y parvenir, il faut :

    -  Etre conscient du jeu donc informé (c’est chose faites)

    -  Utiliser autant que possible la communication non violente

    -  Accepter ses responsabilités

    -  Refuser de tenir le rôle que l’on veut vous faire tenir

    -  Développer son estime de soi et sa confiance (pour ne pas laisser la personne atteindre votre faille)

    - Repérer dans l'entourage les personnes habituellement Persécuteurs, Sauveteurs ou victimes, pour éviter leurs provocations.

    -   Utiliser l’humour pour mettre fin à la partie

    -   Regarder le film « Oui mais » avec Gérard Jugnot

    -   Lire le livre de Christel Petitcollin qui m’a inspiré cet article

     

    Steves Doupeux
    Relaxologue - Praticien EFT et hypnose
    www.phylosovie.com

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